Passer la journée à lire Une légère oscillation, le dernier ouvrage de Sylvain Tesson. C’est un journal, et ici, on aime les journaux intimes, même quand ils ont été écrits, on le sait tout de suite pour celui-ci, pour ne pas le rester et être offert à ceux qui veulent bien les lire.
On a du temps. On a des cigales qui crissent à qui mieux mieux. Trois chats qui dorment. Du thé en abondance. On est tranquille pour un bon moment. Le téléphone est dans la voiture qui elle-même est dans la cour. Alors, on lit comme on aime le faire : lentement, en faisant des retours en arrière, en n’hésitant jamais à sauter quelques pages pour tout à l'heure. Et on se régale de ce qu’écrit un homme libre et un grand lecteur.
On circule du nord au sud, de l’ouest vers l’est, s’épatant de la santé de celui qu’on croyait convalescent – comme quoi, il ne faut pas écouter les ouï-dire.
En plus de voyager, il lit. Il lit beaucoup. Il doit être du genre à lire n’importe où, jamais gêné par un manque de lumière ou d’inconfort. Au tiers du livre, on s’est posé la question de savoir s’il emmenait beaucoup de livres avec lui lors de ses déplacements; à moins qu’il n’ait un carnet de citations dont il ne se sépare jamais ; ou une mémoire prodigieuse. Les gens cultivés ont une mémoire prodigieuse….
Qui cite-t-il ? En voici la liste (comme on aime faire des listes ! c’est jubilatoire !) jusqu’à la page 63 :
Joseph Kessel : Dames de Californie – dont un extrait est en exergue.
Henry Miller – ce doit être Le colosse de Maroussi.
Julien Hervier qui publie une biographie de Jünger, sur lequel il revient souvent.
Tolstoï qui, on l’apprend, a préfacé les œuvres de Maupassant en russe.
Les aventures de Whymper, le dernier Sébastien Lapaque, et Portrait de l’aventurier de Roger Stéphane.
Dostoïevski : Crime et Châtiment.
Alain Braconnier et son livre sur l’optimisme.
Ambrose Bierce : Dictionnaire du diable.
Camus : Les noces.
Blaise Cendrars : Les Feuilles de route
Hoffmann : Contes
Barthes
Sloterdijk : Les Lignes et les Jours (journal)
Gabriel Maztneff : Boulevard Saint Germain
Vladimir Jankélévitch : Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien
Fitzgerald : Gatsby le Magnifique
Chamfort et ses maximes
Renan
Malaparte : Journal
Karinthy : Voyage autour de mon crâne
Yves Gibeau : Mourir idiot
Péguy : Notre jeunesse
Apollinaire : Lettres à Lou
Jouvenel : La République des camarades
Greene : La Puissance et la Gloire
Villon : Poésie
Bernanos : La Grande Peu des bien-pensants
Vassili Grossman
Héraclite
Emily Dickinson
Maylis de Kerangal : Réparer les vivants
Cynthia Fleury : Pretium doloris
Levi-Strauss : Tristes tropiques
Faulkner : Tandis que j’agonise
Céline : Mort à crédit
Michel Eltchaninoff : Dans la tête de Vladimir Poutine
Paul Veyne
Jünger : Aphorisme
Cioran : Des larmes et des saints
sylvain tesson - Page 2
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Passer la journée avec Sylvain, à lire, à écrire, à aller, à venir.
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Moisson.
Se lever tôt, très tôt, et boire le café sur la terrasse en regardant le ciel.
Nager.
Préparer des poivrons à l’huile.
Lire.
Brosser les chats.
Trouver dans un autre coin de la cour une autre ipomée qu’on transplante près de la première. Les arroser délicatement toutes les deux.
Lire.
Après un premier appel de la Médiathèque pour annoncer la disponibilité de Quelques grammes de silence, en recevoir un autre pour celle de Une très légère oscillation, de Sylvain Tesson, qui devient le livre de la journée.
Faire le ménage en grand.
Lire.
Ecrire six pages.
Aller faire le marché sur le cours Lafayette. Déjà les premières figues.
Préparer des tomates à la provençale, bien aillées, bien poivrées, bien huilées.
Récupérer des tas de pelotes de laines, d’aiguilles et de crochets laissés par quelqu’un de très généreux. Tout ramener à la maison pour trier et prévoir les prochains ouvrages.
Faire une partie de mikado.
Couper des feuilles de menthe pour préparer une tisane qu’on boira froide afin de se désaltérer quand on part marcher.
Lire.
Ne rien faire.
Marcher pieds nus sur le sable.